lundi 23 juillet 2012

Orphelinat


 Retour à l'orphelinat pour fêter l'inauguration de l'atelier d'apprentissage chez les garçons. Alice," la mère" de tous ces enfants m'a conviée à la cérémonie et je n'ai pas hésité malgré la fatigue à sauter sur mon vélo et à traverser la ville à fond pour ne pas rater la voiture qui devait m'y mener avec un photographe de l'association des Enfants des rues de Pondichery. La maman d'Alice semblait un peu mieux sur son lit de malade mais c'est toujours éprouvant de voir quelqu'un souffrir sur un lit. Cependant, c'est la première fois que je l'ai vue les yeux ouverts me souriant et cela m'a vraiment fait plaisir. J'ai discuté pas mal de temps avec Hervé, ce prof de philosophie photographe pour l'association. Il me racontait que le jour d'avant, il avait eu la tristesse d'assister à l'abandon de deux nouvelles petites filles à l'orphelinat: les mères sont venues signer les papiers et sont parties sans un regard en tournant le dos aux petites qui les regardaient s'éloigner...pour la vie...si je puis dire...pour une autre vie....Je trouve cela très triste et j'imagine la douleur des fillettes et le souvenir de ce "DOS" gravé à jamais dans leur petite tête. Heureusement, l'orphelinat est d'extrême qualité et certains garçons revenus assurent qu'ils ont été vraiment heureux de grandir ici car sans ce lieu, ils n'auraient jamais eu l'opportunité d'apprendre tout ce qu'ils ont appris y compris en art, danse, musiques, cuisine...mais surtout en matière de fraternité, d'amour et de grande famille. Car pour cet orphelinat il s'agit de cela. Alice et son mari sont deux personnes qui ont un coeur sans limite et gèrent superbement ces enfants élevés dans le plus grand respect et l'amour possible. Il n'est pas question d'adoption, il est question d'apprendre à vivre ensemble, d'apprendre à grandir ensemble mais surtout d'apprendre à s'aimer, à aimer ceux qui les aident y compris ceux qui donnent de l'argent à l'orphelinat. Alice met tout au plus grand jour et les enfants voient qui les aide et doivent remercier pour ne pas oublier et être capable de donner à leur tour plus tard s'ils le peuvent. Il n'est nulle question de la dette comme en Occident, là il s'agit juste d'un profond respect pour une vie qui les a sortis d'une grande misère et de drames profondément inhumains...

Je suis sidérée à chaque fois de voir la grandeur de leurs sourires, l'éclat de leurs pupilles, la beauté de leurs gestes aussi bien quand ils saluent, que quand ils jouent, travaillent, dansent...

Nous sommes donc partis juste Hervé et moi dans le petit car pour les enfants des Rues. Il n'y avait plus la vitre de la plage arrière qui continuait totalement brisée de s'éparpiller sur le sol. Nous avons semé le caoutchouc du bord à mi-parcours. On a dû tenter de leur voler ce qu'ils avaient dans le coffre et je trouve ça déplorable car il va bien falloir réparer ce qui sert de transport scolaire pour les enfants.
En arrivant, un rangoli géant accueillait les invités.
Pour la première fois, garçons et filles étaient réunis dans le même lieu: les filles à droite, les garçons à gauche. ça pétillait de couleurs, de rires, de mouvements, et entrer dans cette cour du bonheur c'est devenir amnésique de tout ce qui pourrait ne pas en être et se faire prendre dans cette divine énergie.
 
Pendant que la plupart des enfants attendaient- assez longuement- les invités de marque, c'est-à-dire ceux qui ont permis de financer la nouvelle salle, d'autres se préparaient en "coulisse" :
  
D'autres finissaient les derniers préparatifs: coudre la nappe pour les filles, faire un dernier brin de ménage côté garçon:


J'ai un coup de coeur pour ce petit garçon à grande cicatrice, et je crois qu'il en est de même pour lui car à plusieurs reprises il m'a demandé de venir m'asseoir à côté de lui, m'offrant un regard doux et abyssal.

Les prémices de la cérémonie ont commencé avec un petit orchestre placé entre les jeux et les toilettes multicolores.
J'ai adoré observé les moments insolites, comme ce petit garçon, obligé d'aller aux toilettes mais laissant la porte ouverte pour ne pas en perdre une miette!

L'attente par la suite s'est largement prolongée, ce qui m' a permis de voir la qualité avec laquelle les plus grands s'occupent des plus petits: je n'y ai vu que tendresse et protection...Jour après jour je prends ici des leçons d'humanité, et il faudrait vraiment que cela ne soit pas emprisonné dans un trait de gutta: ces couleurs et cette finesse doivent absolument irradier au-dehors de ces lieux pour que chacun prenne un peu de cet éclat et n'oublie pas quand cela est possible, de regarder ce qui se fait de beau dans des situations on ne peut plus difficiles. Et là, je salue encore Alice qui donne tout ce qu'elle possède en temps, argent, amour pour préserver ces enfants. Depuis 1991 c'est 3000 enfants qu'elle a sorti de la rue!

J'ai été stupéfaite par la qualité du spectacle. Alice m'a fait mettre devant après m'avoir aussi prise dans ses bras pour la grande photo officielle alors que je n'avais pas participé à la peinture des lieux ni au projet. J'ai été très touchée qu'elle m'appelle, voyant que je m'étais mise en retrait pour justement laisser en première ligne les étudiants qui venaient de Nancy et qui avaient passé leurs jours et leurs nuits à finir l'atelier pour le jour de l'inauguration.
C'est un sponsor français qui a permis le financement et le coq lui-même était là pour le rappeler! J'ai bien ri lorsque ce dernier a tenté de faire demi-tour sur la rambarde et à posé une de ses pattes à côté! En tout cas, il n'a pas semblé apeuré par les tambours, les cris et la force de la sono qui a failli me rendre sourdre.

Nous avons d'abord eu droit à un petit concert parfaitement interprété sur des instruments magnifiques;


Ensuite, ça a été une suite ininterrompue de danses interprétées avec une énergie incroyable, un rythme qu'il m'aurait été impossible de suivre, un travail de groupe et de placements impressionnants tout cela avec des sourires " tranches papaye" et une capacité à offrir de la joie hors du commun. Les grands garçons avaient une tenue du corps digne des plus grands danseurs et j'ai été vraiment bluffée par la mémoire de ces enfants et surtout par la facilité avec laquelle ils semblaient danser des pas qui n'avaient vraiment pas l'air simples à effectuer.


 

Je ne peux m'empêcher même si ça oblige à se tordre le cou, de donner aussi à visualiser la réalisation de cet enfant avec le bâton: c'était magique!
 
Les filles ont dansé vers la fin, tout en couleurs, avec une énergie et un visible plaisir communicatifs. Impossible pour les spectateurs de ne pas participer corps et âme à ce qui relève du véritable don et d'un partage sans restriction.

 Pendant une légère entracte, des groupes d'enfants sont venus nous apporter un plateau de samossas qu'ils avaient fait dans leur cuisine. Je n'en ai pris qu'un mini mais je l'ai trouvé excellent! 

Je n'ai hélàs pas pu rester jusqu'à la fin de la soirée car je devais rentrer avant 22h, heure à laquelle ferme la guest house de l'ashram...mais avec Alice nous avons convenu que je reviendrai dimanche prochain pour passer l'après-midi avec les 32 filles vu que maintenant il y en a deux de plus....

Merci Alice, tu es une grande dame...ton mari aussi, un vrai père pour ces presque 140 enfants actuellement présents. Puisse l'orphelinat des filles se développer et donner autant de bons résultats que pour les garçons!
Vanakam et Nandri....pour tous....je vous aime tant et tant, vous êtes magnifiques et je vous souhaite le plus grand bonheur sur cette terre qui vous accueille comme des élus à préserver jusqu'à ce que l'on soit sûr que vous trouviez un travail et une femme ou un mari...Rien à dire, il faut comprendre pour ne pas juger et tout ici est profondément respectable et remarquable.


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