jeudi 19 juillet 2012

Hier, lever 4h45, bicyclette, rickshaw à trois à fond les manettes en zigzagant entre les chiens et les vaches endormis au milieu de la route, direction le Bus Stand.
Pile poil en arrivant, le bus pour Mahaballipuram partait, il n'y a eu qu'à sauter dedans. Nous voici donc, Nick l'américain, Veronika en provenance de l'Equateur et moi la petite française partant pour la jolie ville des Sculpteurs. Le bus était bien meilleur que celui que nous avions pris la semaine précédente pour Gingee. Seulement au moins pour Gingee, nous avons pu être assis dans les deux sens alors que là, le retour a été terrible vu que nous avons dû passer après 5 heures de marche, presque trois heures debout à tenter de ne pas valdinguer dans les décors à chaque coup de frein!

Bref, nous sommes arrivés vers 8 h 30 avec une petite anecdote car nous avons raté l'arrêt de la ville qui se situait deux kilomètres avant, et du coup, on a été déchargés juste après la ville lorsque l'homme qui  vend les billets s'est aperçu que nous n'étions pas descendus. C'était parfait pour nous car nous étions vraiment proches du centre. D'emblée, le premier panneau nous a donné le "la":


Comme toutes les villes de l'Inde, ça s'éveille doucement, et nous avons commencé notre journée en marchant un peu au hasard dans les ruelles bordant l'océan pour tenter un premier repérage des lieux. Nous avons bien ri lorsque Veronika en demandant la direction du Shore Temple à un marchand de quartier, s'est vu tendre un rouleau de papier toilette! Je ne sais pas ce que l'homme a compris, mais en tout cas, à l'évidence il ne parlait pas l'anglais. Etrangement, la rue semblait être le lieu de rendez-vous de tous ceux qui avaient une envie pressante, c'est peut-être ce qui a conduit à ce malentendu...

Un homme m'a abordée qui s'est avéré être un sculpteur. A trois reprises nous l'avons croisé dans la journée ce qui a permis d'être invités dans sa fabrique où il nous a expliqué son travail ainsi que celui de toute sa famille puisqu'ici la plupart des sculpteurs travaillent la pierre de génération en génération. Ce qui était très intéressant c'était de comprendre la symbolique des éléments sculptés ou gravés. L'homme manquait de modestie et a bien tenté de nous vendre à fort prix ses créations de très bonne qualité il est vrai, mais comme nous étions venus avec très peu d'argent, nous n'avons pas été emberlificotés par son long discours aussi intéressant soit-il. Heureusement car après nous avons vu parfois 3 à 4 fois moins cher les mêmes oeuvres mais il est vrai, de moins bonne facture...si je puis dire...Cependant je ne regrette aucunement ce temps passé à découvrir les dessins qui lui servent de modèle!

Je me suis intéressée en commençant par visiter la partie de la ville appelée "le village des sculpteurs" au dispositif de travail, aux modèles, esquisses, demandant à chaque fois un peu d'explications. Parfois un dessin servait de modèle comme ci-dessus, ou bien une grande photo, ou alors, une autre sculpture notamment pour le travail des mains.

Ici c'est impressionnant car tous les sculpteurs ont une maîtrise impressionnante de leur art et beaucoup ont travaillé dans des grandes villes internationales. Il semblerait que l'on sache où faire le recrutement et je comprends bien pourquoi quand je vois la finesse de certaines sculptures.
 ( je poursuivrai demain, je suis crevée!^^)
- Anecdote avant de continuer: lorsqu'hier soir j'ai cessé d'écrire ici, il était 23h, toute la maison était fermée et malheureusement, je me suis aperçue que mes clés étaient restées à l'intérieur de ma chambre et pas moyen de l'ouvrir de l'extérieur! J'ai eu un bon pic de stress car je me suis demandée ce que j'allais faire pour passer la nuit! Finalement, dans le salon le garde dormait sous sa moustiquaire. Je suis allée le réveiller pour lui dire que j'étais enfermée dehors. Il avait l'air complètement dans la choucroute et s'est levé pour aller tenter de réveiller la gérante. J'étais bien embarrassée surtout lorsqu'il est redescendu me dire qu'elle dormait profondément. Il a voulu me donner une autre chambre. Mais je devais me lever tôt pour aller travailler à l'école. J'ai alors eu une idée: j'ai réveillé Nick l'américain qui a la chambre d'à côté. Heureusement, sa porte s'ouvre de l'extérieur et il ne la ferme jamais. Le garde a pu ainsi  passer par le balcon et accéder à ma chambre pour m'ouvrir! J'étais vraiment contente de retrouver mes affaires pour la nuit. Quelle aventure!-

Retour à Mahaballipuram.Nous avions prévu d'aller visiter le Shore Temple en premier mais nous nous sommes laissés emporter plus au Sud par les rues bordées de sculptures à même la roche.

Nous avons été orientés par un homme à moto qui s'est arrêté et par chance travaillait dans une agence de voyage locale. Nous avons donc commencé par les Five Rathas, un ensemble de 5 temples sculptés d'une seule pièce dans de gigantesques blocs de granit au cours du VIès et jusqu'au VIIIè siècle.

 Les détails sont parfois finement exécutés alors que d'autres sont juste esquissés. Les temples furent enfouis sous le sable et ce sont les Anglais qui les découvrirent et les nettoyèrent. Chacun de ces temples est dédié à une divinité.
Le premier Ratha, dédié à Durga  est de style West Bengale. Le lion est le véhicule de Durga, la femme de Shiva ou avatar de Parvati.
Le deuxième Ratha, dédié à Shiva est de style dravidien.  Nandi, le taureau blanc, sculpté à l'arrière est la monture de Shiva. Il est aussi surnommé " Le Joyeux" et symbolise la justice et la pureté.


 Le troisième ratha est d'un style bouddhiste avec la forme de charriot la plus marquée- l'ensemble des Five Rathas suggèrent eux-même la forme d'un charriot- L'intérieur suggère juste l'esquisse de Vishnou allongé. Sa monture aurait dû figurer Garuda l'oiseau fabuleux, mais là encore, le rocher à l'extérieur est à peine marqué.

Le quatrième ratha est quant à lui dédié à Brahma le créateur, de style dravidien lui aussi. A l'arrière se trouve une magnifique représentation d'Ardhanarisvara, homme et femme ( moitié Shiva, moitié Parvarthi).
Le cinquième ratha quant à lui consacre Indra, le dieu du temps ( qu'il fait!). Le sommet ressemble à un dos d'éléphant comme le rappelle la monture sculptée sur le côté.

J'ai apprécié cette visite d'autant plus qu'avec Veronika nous avions décidé de ne pas prendre de guide, tentant de retrouver par nous-mêmes les détails indiqués sur le livret de visite.

Petit bémol, le prix de l'entrée est extrêmement cher comparé aux autres monuments que j'ai pu voir depuis mon début de séjour.
Il incluait le prix du Shore Temple, l'un des plus vieux du Sud de l'Inde dédié à Shiva qui hélàs était en réfection en raison de l'usure faite par les embruns de l'océan au cours du temps mais surtout fort touché par le tsunami de 2004 qui enfouissant certaines marques du présent a permis de mettre à jour d'anciens vestiges...Belle leçon d'Histoire donnée par les forces de la Nature sur ces lieux sacrés.
Ce qui a été intéressant cela a été de voir les techniques de restauration et de protection:
Les sculptures sont recouvertes d'une espèce de croûte lors de la restauration   


 Le plus pénible de la visite a été d'être soi-même considéré comme un dieu par les indiens et de ne pas pouvoir faire un seul pas sans qu'une dizaine de personnes ne viennent nous demander d'être pris en photo, de toucher leur main, celles de leur bébé, ou ne viennent se poster entre notre appareil photo et ce que nous voulions prendre. Nous avons par la suite été suivis jusqu'à la plage qui bordait le temple avec l'impossibilité encore une fois de trouver un temps sans être importunés. C'est d'ailleurs assez étrange de voir la différence de comportement des personnes d'un lieu à un autre. Cependant après j'ai compris que notre trio était assez particulier: il paraît que je ressemble à une enseignante de Sadhu, mon amie Veronika à une fille du Penjab et Nick à Jésus...rien que ça!
Du coup on a en souvenirs une belle photo de famille:

J'ai quand même pu m'octroyer quelques pas tranquilles dans l'eau revivifiante et me promener cinq minutes sur la plage. Il y avait des manèges pour enfants que j'ai trouvés adorables: petits chevaux de bois peints à la main, voiturettes...

Après, Nick  faisant un début d'hypoglycémie nous avons dû partir à la recherche d'un restaurant où nous reposer avant d'enchaîner sur l'après-midi.
Suivant le guide du Routard, j'ai proposé d'aller au Gecko Café, mais lorsque j'ai vu les prix exorbitants alors qu'il était inscrit que c'était le moins cher, j'en ai fait part aux garçons qui nous avaient très bien accueillis sous leur paillotte et j'ai vraiment apprécié leur gentillesse car ils nous ont donné l'adresse d'un hôtel où consommer un très bon thali beaucoup moins cher. Nous sommes donc partis en achetant malgré tout à prix d'or trois bouteilles d'eau et effectivement, l'hôtel en face du bus stand de Mahaballipuram propose une excellente nourriture et les cuisines devant lesquelles je suis passée sont très propres donc le conseil des patrons du Gecko Café étaient bons. Je pense que leur nourriture aussi, donc je conseille malgré tout ce lieu pour ceux qui veulent un bon accueil et une nourriture non végétarienne mais il faudra compter autour de 400- 600 roupies le repas.

Nous avons repris nos petits pieds pour amorcer la visite d'Arjuna's Penance narrant la descente du Gange et son établissement sur terre et de la colline qui l'entoure.

Ce site est composé d'un ensemble de monuments constitués de magnifiques bas-reliefs et haut-reliefs creusés à même les roches. La colline et ses multiples anfractuosités, petits monts présente également un ensemble de temples, grottes consacrés toujours aux divinités.

Il faut avoir là encore de bonnes jambes pour gravir les escaliers, esquiver les cochons sauvages, les chèvres, les singes et les couples d'amoureux cachés: j'ai d'ailleurs surnommé cette colline " Hill for lovers!"


J'ai apprécié le Krishna Butter Ball en entrant sur le site: une énorme boule de granit certainement tombée des mains de Sisyphe tient on ne sait comment sur les flancs de la colline. Le sculpteur qui nous a montré ses dessins nous a raconté la parabole léguée par son grand-père. Cette boule était en or à l'origine ainsi que la pierre sur laquelle elle repose. Mais les habitants, cupides, sont venus pour piller des bouts d'or...Le Dieu changea alors l'ensemble en granit pour donner une bonne leçon de morale.
 En attendant, la pierre sert de parasol et la colline de toboggan!

La journée s'est terminée par la visite d'un petit temple non loin de là. Nous avons tourné pas mal de temps à la recherche d'autres sites à voir mais finalement nous avons tout fait en quelques heures à notre grande surprise. J'avoue avoir malgré tout préféré largement Gingee.

Je ne regrette quand même aucunement ces 5 heures de car dans la journée pour quelques roupies: 150 l'aller et retour. Pour comparer: lorsque nous avons voulu prendre le rickshaw pour récupérer nos vélos à deux kilomètres de la station de bus, le conducteur a voulu nous prendre 150 roupies! Je lui ai largement ri au nez, en disant que le matin il ne nous en avait coûté que 70 roupies. J'ai entraîné les autres à l'écart et finalement l'accord a été conclu pour 80 roupies. On fait donc des économies à aller à plus de 100 km plutôt qu'à traverser la ville pour faire du shopping! C'est  clairement l'incohérence de l'Inde mais c'est aussi son charme et son humour quand on sait le prendre du bon côté. Tchao!


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