Soir un peu bruyant sous ma fenêtre. Ça me fait un peu mal
aux tripes car la scène se passe dans la famille de la petite fille que j’ai
pris à plusieurs reprises en photo tellement je la trouve mignonne. Son père
hurle dans la rue depuis de longues longues minutes, il a dû terriblement
boire. La petite fille de temps en temps sort le museau puis rentre à nouveau fragile car elle
voit que la voisine aussi est sortie, et son voisin de gauche. La mère crie
aussi à l’intérieur, là je pense que ça va finir par dégénérer vu le crescendo.
Je me demande si quelqu’un va intervenir. Les enfants de la maison s’arrêtent
avec leur vélo devant et un geste brusque en fait tomber un du vélo. D’autres
enfants passent derrière et aident le petit à redresser son vélo. La petite
voisine sort avec sa gamelle en se tordant le cou pour regarder mais s’éloigne
à pas de chat. Ce n’est pas le moment d’ajouter son grain de sel. Je ne
comprends rien à ce qu’il raconte, il fait de plus en plus de gestes
désordonnés et hurle de plus en plus fort. Pas cool. En tout cas, je m’étais
lancée dans l’écriture d’un nouveau message mais là, j’ai un peu de mal à me
concentrer sur le contenu…
J’ai vraiment mal pour les enfants…et l’atmosphère est
étrange avec ces cris, la mer qui se déchaîne et la pleine lune. Les enfants
chantonnent « aaapaaa » à leur manière comme pour le calmer mais c’est
souffler sur une braise. La mère tente doucement de le faire rentrer, ses trois
enfants autour mais rien n’y fait, il ne veut pas se calmer…et ça
repart…mauvais souvenirs…
Je reviens de mon repas du soir. J’ai décidé de le passer à
ma manière, en fuyant les restaus où les touristes vont tous sur les conseils
du routard ou du lonely planète. Ça fait plusieurs fois que je passe devant une
cantine qui me tente : je vois pas mal d’indiens s’y attabler, comme une
petite cantine habituelle. De l extérieur ça ne paye pas de mine, rien n’est
écrit en anglais, tout en hindi. J’ai osé entrer, puis voyant que le patron
délivrait des plats à emporter et ne me regardait pas, je me suis assise. J’ai
regardé le contenu du plateau de deux garçons à côté et comme ça avait l’air
d’un thali j’ai demandé la même chose ; Mais en fait, je me suis aperçue
très vite que je n’aurais pas pu commander autre chose car c’est plat unique
pour tous. D’abord il m’a tendu un espèce de plateau de crudités qu’il a pris
sur la table d’à côté : concombres, oignons, citron et m’a dit «
Self » ; J’ai pigé que je devais y coller mes doigts comme tout le
monde. Ouh là, ça dégénère sous ma fenêtre…dur de supporter cela.
Les crudités n’étaient pas super fraîches mais au moins, il
y en avait, ce qui est assez rare depuis que je commence à sillonner les
restaurants. Ensuite il a commencé à servir les gens à la chaîne, c’était
marrant, chacun avec sa gamelle en métal, ses petits pots vides, et il passait
entre les tables avec sa petite louche. Ensuite ce fut les chapatis. Les sauces
étaient très grasses mais c’est une découverte à chaque fois et j’ai compris
maintenant que ce n’est pas en Inde que l’on peut se préoccuper de sa ligne.
Pas de cuillères donc là, pas le choix, les doigts encore. Mais rien à faire,
je suis une godiche avec la main droite. J’ai fini par piquer la cuillère dans
le plateau « self »…ça me permet au moins de m’aider à remplir la
main droite !
Un garçon est venu me demander la permission de venir
s’asseoir en face de moi. J’ai évidemment accepté car c’est un tout petit lieu,
très convivial au final, et j’ai bien aussi pris l’habitude de ne jamais
pouvoir passer un repas en solo sauf à l’ashram où mon nez plonge dans
l’assiette…
Il parlait très bien français, et mangeait juste avant
d’aller prendre un bus vers Madras puis un train pour le ramener chez lui à
Bénarès ou Varanasi, ville que j’irai visiter l’an prochain. Son copain est
vite venu le rejoindre en rigolant, et je me suis trouvée avec deux gentils
garçons qui me vouvoyaient et m’ont expliqué qu’en fait, j’étais en train de
manger un thali de l’Inde du Nord, avec les chapatis, pas de feuilles de
bananiers. Le riz est arrivé après avec de nouvelles chapatis et un second
service de sauces, puis un dessert comme un crumble super gras et sucré à
moitié posé dans mon chutney de piment. En fait tous ces mélanges m’amusent car
ça ressemble à mes « mauvaises » habitudes françaises et là je me
retrouve un peu dans ma pataugeoire alimentaire quotidienne. Oups maintenant
c’est la femme qui ne s’arrête plus de hurler, ça tourne vinaigre, je suis
presque étonnée depuis le début qu’ils n’en soient pas encore arrivés aux mains.
Finalement nous avons bien sympathisé, j’ai pris le
téléphone de l’ami qui reste et l’on me propose comme à chaque rencontre
agréable de rester en contact. J’ai déjà pas mal de contacts ici et là en Inde
avec promesses de visites et je pense que c’est sincère et ça aussi ça me donne
envie de revenir l'an prochain et d’aller découvrir d’autres endroits en fonction des personnes que j'ai bien envie de revoir.
En sortant, ils m’ont montré une autre cantine qu’ils
apprécient et donc j’irai prochainement à coup sûr. J’ai mangé pour même pas 60
roupies. Ça n’est vraiment pas diététique mais c’est bon et là je me sens mille
fois mieux que dans les autres restaus, je ne sais pas pourquoi. C’est vrai que
je ne me pose pas la question du choix, et je me laisse guider par ceux qui
semblent apprécier que je me joigne à eux. A refaire donc.
Mardi matin donc je suis partie pour la journée organisée
par l’office du tourisme de Pondichery. Ce fut une journée bien chargée et
fatigantes car beaucoup d’heures en car avec des bonds de 30 cm car les routes
sont plutôt en mauvais état.
J’ai pu décider assez facilement l’autre française et
l’américain de la Guest House de m’accompagner. Je n’ai pas regretté car nous
avons eu de bonnes crises de fou rire car Nick ressemble vraiment à
« Jésus » et c’est une fascination pour les indiens qui étaient à la
limite de la prosternation devant lui. J’ai quelques photos très drôles où même
dans l’eau, les indiens sont venus le chercher comme le plus important poisson
de l’année. Je ne sais pas combien de fois on s’est fait prendre en photo dans
cette journée mais en ce qui me concerne, à un moment je n’en pouvais plus.
Nick, par contre semblait ravi et conscient de sa ressemblance, acceptant de
devenir vraiment le jouet de ses fidèles.
Nous sommes partis de la guest house à même pas 5 heures du
matin en vélo. Quel ne fut pas notre étonnement de voir l’avenue du bord de mer
en pleine nuit remplie déjà de matinaux en train de faire leur marche rapide,
leur gymnastique, enfants compris !C’est super d’assister comme ça à un
lever de soleil. Nous avons été pris en photo pour le journal l’Hindou, je dois
aller faire une photocopie car c’était assez amusant de voir la mise en scène.
On passait les uns après les autres, nous faisant d’abord offrir un joli petit
bouquet de fleurs puis un espèce de ladu vraiment délicieux à la pistache,
figue et noix de cajou. Ensuite on s’est fait servir un petit café dans le bus.
Je n’ai pas pu le boire car j’ai préféré éviter le mélange lait et sucre avant
le trajet.
Nous avons commencé par la visite d’un magnifique temple à
Chidambaram. Comme toute visite de groupe, ça a été au pas de course :
d’abord dans la rue car il a fallu aller au temple pieds nus sur un macadam
ignoble et brûlant ( pour nos petits pieds blancs…) puis à l’intérieur il nous
a fallu suivre le rythme des fidèles au lieu de faire le tour de
l’architecture. Donc nous avons honoré d’abord Shiva puis Ganesh. Je me suis
retrouvée avec un front orné de poudre jaune, rouge et blanche.
A l’intérieur du temple s’inscrit un grand plan d’eau où les
fidèles vont faire aussi leurs ablutions et…leur pique-nique suivi de la petite
sieste !
Après un arrêt petit déjeuner où j’ai dû manger à toute
vitesse une énorme dosa brûlante parce qu’ils ont servi les indiens en premier
et les blancs-becs en dernier, nous avons repris le car vers le Fort Danois de
Tranquebar. En lui-même, il n’est pas intéressant, ni même beau. Le mini musée
intérieur montre des pierres et sur la légende c’est écrit
« pierre »…bon il y avait aussi des pipes et donc c’était écrit « pipes ».ça
m’a fait rire. J’ai été aussi maligne à l’entrée en planquant mon appareil
photo car tous ceux qui l’avaient à la main ont dû payer 30 rps de plus.
J’avais prévu le coup et donc averti mes nouveaux amis. Le seul truc
intéressant c’est la situation du fort, en front de mer, donnant sur une plage
vraiment magnifique avec les bateaux multicolores des pêcheurs. Sinon,
vraiment, je ne conseillerai à personne cette visite à moins d’avoir du plaisir
à voir quelques cellules en sous-sol où l’on peut jouer à s’enfermer et à
ressortir par un autre côté ce qui avait l’air d’amuser follement les indiens
qui visitaient le lieu avec nous.
Nous avons enchaîné par Karaikal Town pour assister à la
fête de la mangue.
Ça par contre c’est une drôle d’aventure, je n’ai pas encore fait le point sur l’origine de ce rituel mais y participer ça peut laisser des traces…comme des yeux au beurre noir et un trauma crânien. En fait, les rues sont bondées et tant sur les balcons pour les couards que dans la rues, les gens se parent de munitions qui ne sont autres que des mangues entières mûres et pas mûres. Au coup de départ du convoi, les gens se mettent à balancer sur la foule avec une certaine violence ces mangues : en clair il faut les éviter et tenter d’en attraper au vol. Ce que j’ai fait tout en en profitant pour en remplir mon sac pour mon repas du soir ! En fait c’est super dangereux et j’ai évité de peu de perdre encore un œil en filmant la scène. Je me suis pris aussi une mangue dans le talon d’Achille et ce n’est pas super agréable.
Quand on attrape une mangue, il faut la manger le soir et faire un
vœu : en général la mangue aide à la réalisation de ce dernier. Comme j’en
avais attrapées, une vieille femme est venue m’expliquer le rite avec de grands
sourires. Evidemment comme je n’ai pas d’enfants, elle m’a dit que si j’en
voulais c’était bon, pas de problème, j’allais en avoir dans l’année ! ( Merci la mangue mais ça va, je n’en veux
pas…j’ai d’autres voyages de prévus et je suis trop vielle ; mais ici on
ne me donne que 22-25 ans donc je peux comprendre.)
Ça par contre c’est une drôle d’aventure, je n’ai pas encore fait le point sur l’origine de ce rituel mais y participer ça peut laisser des traces…comme des yeux au beurre noir et un trauma crânien. En fait, les rues sont bondées et tant sur les balcons pour les couards que dans la rues, les gens se parent de munitions qui ne sont autres que des mangues entières mûres et pas mûres. Au coup de départ du convoi, les gens se mettent à balancer sur la foule avec une certaine violence ces mangues : en clair il faut les éviter et tenter d’en attraper au vol. Ce que j’ai fait tout en en profitant pour en remplir mon sac pour mon repas du soir ! En fait c’est super dangereux et j’ai évité de peu de perdre encore un œil en filmant la scène. Je me suis pris aussi une mangue dans le talon d’Achille et ce n’est pas super agréable.
J’ai été un peu frustrée car pendant notre attente du
défilé, une partie du groupe est allé visiter le temple et du coup nous, on n’a
pas eu le temps. Nous sommes allées à Karaikal sea ensuite pour manger un très
bon thali préparé pour le groupe où j’ai encore dépassé les quantités. Mais c'est tellement bon! Nous en
avons profité pour aller en bord de plage. Les indiennes se baignaient
habillées, moi je n’ai mis que les jambes mais Nick tranquillement c’est mis en
short et s’est baigné : c’est un peu plus simple pour les hommes. Sauf
que, Jésus à la mer ça n’est pas rien, et tous les indiens se sont rués sur lui
pour aller le pêcher et prendre en photo leur trophée. J’ai de bonnes images et
j’avoue que ça a été un moment très drôle !
Avant de partir nous avons visité un autre temple avec
l’éléphant dompté pour piquer des roupies et faire d’un coup de trompe une
bénédiction. Vu que le guide a eu la bonne idée de donner toutes les
explications à des touristes en Tamul, je me suis éloignée du groupe pour faire
la visite à ma manière. Je suis encore ressorti la tête poudrée de jaune et les
pieds brûlés pour rejoindre le bus.
Le retour en car a été un peu plus long car nous nous sommes
arrêtés plus d’une heure sans explication et sans comprendre pourquoi quelques
passagers descendaient. En fait, à force de triturer le guide, j’ai appris
qu’on attendait ces personnes parties se balader en ville pour acheter des
Halva la spécialité du lieu !ça m’a franchement énervée. Du coup j’ai
demandé à aller aux toilettes avant de repartir pour trois heures de bus, et la
fille de la dame de l’office du tourisme m’a accompagnée dans les toilettes du
bus stand situé non loin de là. Et bien il faut s’accrocher ! Un énorme
baquet à l’entrée avec toutes les femmes
accroupies autour en train de puiser la même eau pour se laver, et pour accéder
aux toilettes il faut traverser la zone. Sympa ! Des rétroviseurs
accrochés servent de glace et un peigne commun pend. Je suis vite revenue au
bus ! Je ne regrette pas parfois mon obstination à me trimballer avec ma
technique française qui s’appelle « papier toilette. » Je n’ai jamais
été aussi économe car ce n’est pas si simple à trouver ici et la toilette commune ce n'est pas mon truc...
Bref, du coup après, le bus ne s’est pas arrêté pour que
l’on puisse manger, et à onze heures du soir, il nous a fallu repartir en vélo
après cette longue journée. J’étais contente d’avoir été un peu agile dans le
jeu de l’attrape-mangues !
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