jeudi 9 août 2012

Alors...Auroville...Ce n'est pas rien, ce n'est pas tout ce que j'imaginais à l'aune de mes lectures- j'engage chacun à lire l'histoire d'Auroville avant d'y mettre les pieds pour ne pas trop mal juger-mais cela ne m'enchanterait aucunement de me rallier à ce qui pour ma part n'a rien de la collectivité qui a inspiré Mother. J'y vois une mosaïque un peu éclatée, un peu détachée, une espèce de Water Violet qui risque certainement de souffrir de temps à autre de sa solitude malgré la force qui par certains lieux se dégage rappelant l'identité de cette "surville"...

" Imaginez cette scène surréaliste: sur une plaine de latérite rouge cuite par le soleil, une foule amenée là.(...)
Les gens s'abritent sous une grande toile circulaire dressée pour l'occasion.
Au milieu du cercle, une petite éminence conique a été recouverte de maçonnerie: au sommet, une urne en céramique en forme de lotus stylisé.
Des représentants du monde entier, jeunes pour la plupart, laissent tomber dans cette urne une poignée du sol de de leur pays, après avoir répété dans leur langue respective une sorte de formule que diffusent des haut-parleurs...Ceci se produisit le 28 février 1968, à quelques dix kilomètres au nord de Pondichery. Les représentants étaient originaires de 124 Nations et de 23 Etats de l'Inde. La voix dans les haut-parleurs était celle de la Mère. La formule était la charte d'une cité nouvelle fondée par elle, là, à ce moment même: Auroville, la Cité de l'Aurore-la nouvelle Utopie."

Matrimandir pris de loin, face aux frangipaniers

Pour Mère, cette cité pouvait faire figure de Tour de Babel à rebours: là, les hommes se divisèrent dans la construction, ici, les hommes doivent se rassembler et s'unir dans la construction de ce que devra être une "suprahumanité." Attention à ne pas mal interpréter ce terme qui justement tout le long de l'oeuvre de Mère et Sri Aurobindo entre les années 30 et 50 a été aussi le terme qui a flanqué une bonne part de l'humanité à terre. Mais il est passionnant de lire justement l'interprétation de ce que fut la deuxième guerre mondiale d'un point de vu spirituel avec justement la rencontre d'une énergie divine luttant contre une énergie totalement opposée, comme si la force ascendante de l'une décuplait les forces destructrices de l'autre...

" Pour nous, les événements ont souvent des raisons d'être que la raison ne connaît pas, et les lignes de force de l'histoire peuvent être aussi invisibles et pourtant aussi réelles que les lignes de force d'un champ magnétique." Louis Pauwels

Ce qui est étrange depuis que je suis en Inde, c'est la relativité des choses: c'est comme si une force m'avait fait pivoter sur moi-même dans un autre plan aux coordonnées mal connues. Ça donne forcément la nausée, ça bouscule les préjugés et ça oblige à une relecture de ses schèmes de pensées souvent inoculés par la famille, les école comme un palimpseste qui n'en finit pas de révéler toutes ses couches. Vraiment, j'avoue que cela apporte, une fois une certaine assimilation effectuée doublée d'une laborieuse digestion- un élargissement des sphères de compréhension du Monde et de l'attitude humaine. Et là, J'ACCUSE le formalisme universitaire qui enferme les textes dans un structuralisme au point d'empêcher la pensée d'avoir une "queue" si je puis m'exprimer ainsi en visualisant les neurones et  leurs axones parfois très longs permettant d'INFINIES CONNEXIONS...Comme si l'Histoire ou la littérature devaient uniquement prendre sens avec une tête mise au carré, prête au découpage sans possibilité de "dit-vagues-as-sions" qui n'en seraient pas moins valides car portées par l'ampleur du contexte intégral dans lequel les choses ont été écrites et transmises de façon visible. La peur des cartésiens, c'est de perdre leurs "bornes": ça ne les empêche pas en retour d'être souvent bornés...ou borgnes nés. J'ai souvent été accusée en contre-partie à faire du hors-sujet ( tant mieux), et à proposer des analyses ( sans queue ni tête). Mes devoirs étaient "délirants". TANT MIEUX, c'est juste que meS têteS et mes queueS sortaient du champ de leur vision trop étroite. Ça ne m'a pas empêchée de plaire à d'autres personnes qui m'ont donné accès à des lectures sortant du champ universitaire et je les en remercie: de toute façon, je les trouvais moi-même, comme guidée entre les rayons magiques des bibliothèques autres qu'universitaires.



L'homme doit se figer dans son espace et dans son temps, ne plus en bouger, creuser sa vie et en limiter ses parois de façon à entrer dans son cercueil et ne plus jamais en ressortir car il ne SERAIT que ça, un accident de la vie voué à devoir vivre à tout prix parce qu'il a ce privilège d'être en vie. Mais il n'a pas le temps d'y penser à sa vie et au pourquoi de cette élection: il doit donner son jus, et s'il ne tient pas, ce n'est pas grave, on prendra le jus du voisin pour servir la petite coupe empoisonnée de petits maîtres qui croient avoir leur puissance dans leur compte en banque ou dans le lustre de leur apparence.


J'ai aimé les banians, et l'enracinement infini de leurs branches allant jusqu'à donner à leur tronc un aspect de lévitation...Parfois les hommes par soucis de circulation leur ont donné un périmètre possible d'extension: 50 mètres!

J'ai aimé rouler en moto autour des communautés sur la latérite rouge, le vent dans les cheveux, sans casque, clignant des yeux pour prendre toutes les photographies que vous ne verrez jamais car je n'ai gardé que la partie contrastée de ce que j'ai vu.

J'ai aimé sentir le vide plein dans la maison carrée du Tibet: une sensation très étrange, aucunement dictée par quelqu'un d'autre, juste une envie d'attraper l'invisible comme une présence certaine, très dense, porteuse d'être et de silence...

J'ai aimé la nurserie du jardin du Matrimandir où germent les plantes de demain entourées affectueusement par les plantes mères d'aujourd'hui...comme un idéal de perfection à atteindre mais surtout...à dépasser dans leur force de suggestion créatrice. Les contemplateurs de demain ne devraient pas être les mêmes que ceux d'aujourd'hui...alors il faut être de plus en plus riche de SENS.


J'ai un peu moins apprécié mais j'ai bien ri, me faire grignoter les pieds dans le bassin de Vérité, par de multiples petits poissons affamés. Ma peau est devenue lisses et cette séance de réflexologie naturelle a pimenté cette journée tout en la laissant zen...


Je n'ai pas aimé ce que deviens Auroville, comme risque de devenir aussi l'Ashram habités par des hommes qui n'ont pas les moyens ni le désir de pérenniser sans adaptation au contexte actuel la Grande Oeuvre Initiale...

Tout se perd ma bonne dame, vous l'savez...d'nos jours, les jeunes ne parviennent plus à changer les vieilles habitudes....

Pourtant, il en reste de belles âmes qui font un beau chemin de vie et permettent a minima de conserver quelques étincelles en vie...au cas où...

Si je m'endors dessous, soit je me marie dans l'année, soit je me fais posséder...donc, ni l'un ni l'autre pour moi au choix!

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