mardi 29 mai 2012

Croqueuse de piments

Le concours existe...la seule chose que j'en retiens n'en est pas l'absurdité: croquer 49 piments en 10 minutes et se frotter les yeux avec 12 piments en moins de deux minutes, le tout se passant en Inde ! Non, ce que j'en retiens, c'est juste le titre.

Je veux être une croqueuse de piments ...( symbolique)...

Je veux une vie épicée, colorée, une vie qui surprenne comme un chutney préparé à la mode de Bastar avec des fourmis jaunes de la jungle et leurs oeufs....

Je pense que je vais retenir de là-bas des images de "support"...changer d'assiette m'ira bien... je m'enveloppe dans une feuille d'arbre imaginaire, je m'en fais un sari cousu main et me prépare à sentir la résistance de la terre.

Enfin.


J-4...aucun stress, aucune hâte: j'apprivoise les jours les uns après les autres, chacun apportant la dose quotidienne d'activités qui me permettent d'aborder ce que j'imagine être une amorce d'une vie autre, possible...

Les mots s'entrechoquent...les maux ne s'entrechoquent plus... même si parfois, la mémoire du corps, de l'âme se rappellent à l'actualité. Mais je m'en défends, disons que je ne m'y soumets pas Je l'accepte.

Un exemple: la difficulté de faire ma valise s'étend depuis plusieurs semaines. Comment ne prendre que l'essentiel, faire le tri, faire le choix de laisser ça, et puis ça, ne prendre que ça, et puis cela: voyager léger, ne plus avoir peur de manquer de quoi que ce soit... penser que là où je vais, il n'y en a pas besoin ou qu'il y aura tout simplement d'autres besoins...

Mais voilà, voyager léger mais abandonner mes livres, mes crayons, mes cahiers, mes livres c'est plus difficile. J'ai lu le plus vite possible et le mieux possible les quelques...livres qui s’amoncelaient à mon chevet: Le livre du yoga de Sri Aurobindo; La liberté de l'esprit de Christian Miel; Autobiographie de l'auteur en coureur de fond de Murakami, Au-to-dafé d'Elias Canetti ( pas fini)... J'ingurgite mes cours d'aromathérapie, phytothérapie, homéopathie pour être à même sur place de m'y référer sans les emporter...

Derniers regards sur ma bibliothèque figée: je vais lire dans les lignes de la vie, quitter mes pages, oublier mon pauvre français et ses ramettes de plaintes et réhabiliter mon vieil anglais rangé avec mes cahiers d'écoliers et m'imprégner d'Hindi et de Tamul...et du langage qui ne s'articule pas: celui du coeur, de l'échange de cultures, du regard qui ne veut pas juger ( mais peut-être le fait-il ou le fera-t-il un peu comme une résistance qui n'en finit pas de grésiller...).

Je sers les dents: pour en finir avec ce qui ne doit plus y entrer ni en sortir avec tant de violence...de rétention..;je desserre les dents pour me rassurer: je sais encore sourire et rire.
Je délie mes jambes en allant parcourir quelques dernières fois mes bords de Garonne: j'aperçois mes amis les lièvres aux grandes oreilles et je leur raconte en silence que je parlerai d'eux en silence aux singes, vaches sacrées. Je m'imprègne de mon paysage- que j'aime énormément- de sa douceur, de ses ruptures de température pour pouvoir en faire un quartier de mosaïque...comme ce que je veux être, moi, la fille d'ombre, de lumière, de couleurs: une fille mosaïque, une nomade qui n'en finit plus de découvrir, de partager, de tisser, de relier...qui en finit de recouvrir, de conserver, de déchirer, de mal-unir...de "m'alunir".

Retour à ma valise...quelques jours avant il me prend de la peser:. Franchise oblige, le poids encore en ligne de mire qui s'érige. Elle ne doit pas peser plus de 23 kg...
Comment faire: elle est trop grande pour tenir sur la balance. Mauvaise "plate-forme". Il me faut donc monter avec elle sur cette potence.

Sentence...pour la valise, tout va bien...vous avez compris. Le choc est ailleurs...Le rapport est d'un tiers/deux-tiers... la prochaine fois que je devrai peser la valise, elle le fera sans moi...

Mais tout va bien: je me sens en forme, la vie a raison du reste, et les couleurs m'emportent à nouveau dans leurs promesses éclatantes.