mercredi 27 juin 2012


Je suis très heureuse d’avoir dégotté ce petit bar à salade qui permet en prenant un petit thé indien- pas donné et pas très épicé- de se connecter un certain temps à internet. En relisant ce soir ce que j’ai mis sur le blog, je me suis aperçue que j’avais quand même laissé pas mal de coquilles donc je rétablirai cela la prochaine fois.
En rentrant avec mon ordinateur j’ai découvert une petite boutique que je n’avais pas vue auparavant. Lorsque je suis entrée j’ai tout de suite vu des tissus qui me plaisaient et comme depuis le début je me plante à chaque fois que je m’achète un habit je me suis dit que là peut-être je trouverai mon bonheur pour ne pas finir à ce rythme-là en sari version serviette de bain.
C’était un peu moins cher qu’ailleurs et deux pantalons et un haut me plaisaient mais pas question d’acheter sans négocier. Mais là, le type était ferme, il ne voulait rien savoir et préférait ne pas vendre car- et c’était vrai- il était vraiment moins cher que les autres. Mais moi ça m’énervait d’acheter sans rechigner ce que je pensais pouvoir avoir un peu moins cher. On a tenu ferme tous les deux pendant vingt minutes et finalement à force de discuter, au moment où je baissais les armes car il était vraiment inflexible et j’avais quand même envie de ce que j’avais trouvé, il a de lui-même fait un petit rabais. C’était donc sympa. En partant il m’a dit qu’il fallait que je revienne et là il m’a montré un « bol » en me disant qu’il voulait en jouer pour moi. Pourquoi, je ne le sais pas trop encore mais j’ai bien l’intention d’y revenir comme chez un autre qui m’avait un peu trop approchée mais offert un super bon thé tchaï comme à Delhi et j’avais fini par trouver le moment super sympa. Et comme je suis invitée, pourquoi pas ne pas se faire des temps de pause et de blabla même si au final ça ne débouche pas sur grand-chose sauf peut-être vider un peu plus mon porte-feuille – ils sont malins les types- parce qu’ils ont vraiment des trucs sympas. Evidemment, en arrivant, j’ai essayé les pantalons et encore une fois ça ne me va pas du tout, j’ai pris un truc sans voir que lorsque je lève la jambe je ressemble à un paon avec l’imprimé ! Bon c’est l’emblème d’ici mais quand même…je vais donc devoir acheter un haut plus long pour améliorer l’effet mais franchement, mes achats ne sont jamais une réussite. Faut dire aussi que pas moyen d’essayer alors ce n’est pas simple d’avoir le compas dans l’œil surtout que vis-à-vis de moi j’ai un gros problème de miroir déformant.
                En poursuivant mon chemin  au hasard des rues pour rentrer, je suis repassée devant un petit théâtre qui m’intrigue depuis mon arrivée. Comme pour m’appeler, une femme était en train de tracer un kolam avec la poudre de riz devant. Je lui ai demandé s’ils jouaient des pièces en ce moment. Elle m’a souri et m’a fait signe d’entrer. Encore un moment imprévu et magique qui va modifier je pense encore mon emploi du temps à venir. Le couloir extérieur tout en bois était peint en rouge, jaune, vert avec de très belles plantes et quelques statues en bois. Deux trois tables et quelques bancs en fond de cours et deux hommes assis m’invitant d’emblée avec un beau sourire à m’asseoir. Un peu intimidée j’ai dit que cela faisait longtemps que j’étais intriguée par le lieu et donc que j’avais décidé de pousser la porte. On m’a dit que j’avais bien fait. C’est vrai. Il s’agissait en fait du metteur en scène parlant parfaitement le français mais qui m’a laissé patauger en anglais avant de me montrer ses facultés, et un auteur. Il m’a invité à aller visiter le théâtre. Un super bel acteur indien m’a accueillie et montré la scène et les tréteaux pour le public. J’ai tout de suite été conquise. Leur dernière pièce, assez marrant vu le contexte, était Roméo et Juliette : Roméo le tamoul et Juliette une jolie hollandaise qui est apparue pendant la discussion. On a parlé de leur prochaine pièce puis nous sommes ressortis nous asseoir dans le patio. L’indienne qui m’avait fait entrer est revenue avec des verres de thé. On m’en a offert un ce qui m’a permis de discuter assez longuement. L’auteur venait de terminer la traduction des Fleurs du Mal de Baudelaire en Tamul. J’ai feuilleté le livre et c’était assez marrant à voir…mais surtout à entendre car j’ai demandé au metteur en scène de me lire un poème : j’ai choisi l’albatros. J’ai trouvé qu’il me le lisait un peu trop rudement mais bon, je n’ai quand même pas osé la critique qui aurait été je pense déplacée mais c’était  vraiment sympa. Cécile est arrivée avec une pelote de fil tout emmêlée et a commencé à imiter les pêcheurs. Nous avons entamé la conversation et nous sommes de suite bien entendues. Designer de formation, après deux  ans passé en Inde surtout dans le Kerala où elle est passée aussi dans un ashram (dont je vais récupérer l’adresse…), elle a été d’abord embauchée pour faire les costumes et de fil en aiguille le metteur en scène a décidé qu’elle serait aussi actrice ! Du coup, il lui a fait un petit contrat et elle revenue avec un visa de travail. J’ai adoré cette petite histoire. Je lui ai parlé de mes projets et nous avons décidé d’un commun accord que je reviendrai pour les répétitions, qu’après je pouvais quand je le désirais venir partager leur repas. Ils m’ont assuré que leur cuisinière était au top, alors évidemment, un peu usée de la monotonie de l’ashram, ça me tente…aaah diabolus in musica, te revoilà à modifier ma Sadhana ! Maudit sois-tu ! Je m’en fiche, le lieu est trop magique, les anecdotes délicieuses. Je me suis pris quelques bogues de palmier ou de je ne sais quoi sur la tête car le patio est pile poil sous des arbres  à coques et la bâche bien étroite pour tout canaliser. Bref, nous avons échangé nos numéros de téléphone, j’ai proposé de venir l’aider à démêler ses fils si besoin était et elle a accepté mon aide. Du coup, ça me permet en dehors de l’ashram d’avoir d’autres contacts dans un cadre que j’aime particulièrement. Nous avons parlé d’un auteur que j’adore : Olivier Py, car ils commencent à travailler le prochain spectacle sur la guerre. Ils vont je crois mettre en scène le Mahabharata ( orthographe à vérifier). Si je peux je prendrai quelques photos du lieu, déjà de l’extérieur pour peindre le cadre d’un lieu qui ne peut qu’attiser l’intérêt. Qui plus est, toute l’équipe est sympa et rigolote : trois acteurs qui se battent en duel, ils rament comme toute petite compagnie sans aucun financement. Quant aux liens avec l’ashram : aucun.  Ils sont pour eux une épine dans le pied et personne de la communauté ne s’intéresse à leur création puisqu’un théâtre est réservé ailleurs où n’entrent que les  ashramites. J’ai un peu de mal à piger ses murs qui stigmatisent le rejet et la peur : n’est-ce pas contraire à une spiritualité correctement investie qui devrait être intégratrice ou au moins empathique à l’œuvre des autres ?
Je me suis évidemment encore battue avec l’un des gérants de la Guest House pour obtenir mes tickets repas à venir, il ne voulait pas me les vendre en me disant d’aller les acheter chez la première…( là où j’ai loué mon vélo). Dans le genre je m’acharne ils sont gratinés. Mais là encore, j’ai été très ferme en disant : «  Je suis là, j’ai besoin des tickets, ce matin vous m’avez dit de revenir ce soir, je suis là, vous me vendez les tickets. Point. » J’ai sorti mon billet, je l’ai posé sur la table en le remerciant sans le quitter du regard et il a fini par sortir sa souche et me sortir mes coupons. Franchement ils sont super chiants.
                Petite partie de plaisir au dining room a raconter. C’est incroyable ce que font les indiens avec la nourriture. Ils sont toujours en train de faire des trucs bizarres et souvent très bruyants. Bon, celui qui pèle sa banane comme une pomme en laissant le trognon ne fait pas trop de bruit, ou celle qui se prend trois plateaux à la suite en remplissant une bouteille avec tous les bols de laits puis en la nettoyant avec du jus de coco par l’extérieur non plus, mais ceux qui touillent de manière frénétique leur nourriture avec un bruit de locomotive affolée en mélangeant la banane au sambar et en la trempant dans le riz tout en sortant en douce une petite boîte qu’ils rajoutent à leur plateau tout en lançant des regards aux autres qui les espionnent entre deux méditations c’est assez jouissif parfois. Je n’ai jamais vu autant de gens bourrés de tics et de tocs que dans ce lieu. D’ailleurs malgré parfois le sérieux qui s’impose dans ce lieu, je vois bien s’échanger des regards amusés ou des rires refoulés avec une certaine connivence. J’essaie souvent d’oublier cet environnement pour me concentrer mais parfois c’est si drôle que c’est dommage d’en rater une miette. Je dois aussi quand je fais la file indienne pour mon plateau souvent maintenir fermement ma verticale pour confirmer ma place dans ce lieu parce que parfois quand mon suivant ne semble pas trop satisfait de l’inconnue que je suis devant eux, ils me poussent littéralement avec leur ventre et me marchent sur les chevilles pour me faire avancer plus vite comme si entre eux et celui qui me précède il y avait un grand blanc (le blanc ou la blanche…c’est moi !). Un ou deux regards et coups de fesses me permettent de les remettre à leur place et je n’hésite pas par un signe de tête à les renvoyer à la citation de Mère indiquant à ceux qui jugent négativement les étrangers ou les nouveaux de se tenir à leur place et de réprimer leurs pensées. Et toc. En plus, les membres ont droit souvent à beaucoup plus de contenu et moi quand je demande un peu plus on me fait comprendre que je dois crever la dalle et que j’abuse. Tout ça en langue des signes mais c’est assez explicite pour que je comprenne le message. Heureusement c’est comme le reste, il y a les bons jours où l’on commence à s’habituer à ma présence et quand je soulève mon plateau pour exprimer mon besoin d’en avoir un peu plus, la louche suit. Bref, soit c’est trop, soit ce n’est pas assez, mais en tout cas, je tiens le cap et j’ai appris à ne plus glisser sur le sol gluant en rapportant mon plateau. J’ai l’impression que mes pieds ont pris le pli, peut-être en inaugurant un mode ventouse et même ma bouche ne fait plus trop la moue, c’est vous dire le parcours que j’accomplis…
Actuellement, je finis souvent mes soirées bout au vent, la narine humant l’iode et la langue léchant les flocons salés qui se déposent sur mes lèvres. Tous les soirs le vent se lève et c’est un délice sous la lune d’observer l’explosion de l’écume sur les rochers.
Là je me fais encore bouffer par les moustiques et franchement Pranarom peut revoir son mélange d’huiles essentielles pour tenir à distance les bestioles. Chaque nuit je m’enferme dans la moustiquaire avec un moustique et ça tourne au carnage : d’abord moi, après lui…

1 commentaire:

  1. Ave Madre. bouduuuuuuuuuuuuuuuuu tu vas m'en vouloir d'avoir encensé l'Inde......... c'est quoi cet endroit où tu as une bouffe affreuse comme ça!!!!! tu y manges midi et soir?? plus le petit déjeuner!!!! grrrrrr
    j'espère que tu peux t'échapper de temps en temps pour rencontrer d'autres personnes...
    Ah la distance entre la théorie et la pratique c'est partout pareil dans le monde entier ...
    gros bisous et fais attention à ton bronzage camionneur!!! et pour les fringues il n'y a pas des cabines d'essayage dans un coin???
    Maman

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