lundi 4 juin 2012

Le temps se rattrape..


J’avais commandé un plat particulier dans l’avion et je n’ai pas été déçue ! L’asian vegetarian meal est vraiment à recommander. A l’évidence ce n’est pas très diététique mais en ne mangeant que la quantité du petit plat sans le dessert bien trop lacté et sucré à mon goût c’est très bien passé. Il s’agit d’un Dal Makhani et Vegetable curry.
A l’instant où j’écris, je viens de partager un temps culinaire avec une indienne qui prépare des repas chez une amie. Elle m’a promis de faire ce plat avec moi en me précisant malgré tout que c’était extrêmement consistant et assez gras…Oui…mais si BON ! Par ailleurs la partie Dal Makhani qui est un plat à base de lentilles originaire du Penjab ne représentait que l’équivalent de deux cuillères à soupe, alors que le riz avec le curry végétarien composaient le reste…Tout va bien et l’essentiel était le plaisir de la découverte et la dégustation. Cependant ce qui fut amusant c’est que sur le plateau se trouvaient tout un tas de petites sauces que je ne savais pas du tout employer. Mes voisines n’avaient pas tout à fait la même chose- étonnamment j’ai appris qu’elles étaient du Penjab par la suite- mais les sauces étaient très proches. J’ai donc louché un peu à droite afin de suivre un modèle. De plus, j’avais très envie de voir comment elles tenaient les plats, où elles posaient leurs mains, ce qu’elles paraissaient ressentir en mangeant… Pour ce voyage, vous commencez à le comprendre, j’ai décidé de m’ériger en espionne culinaire et c’est finalement aussi très intéressant car le partage culturel en passe par là. Je ne suis certes pas à la hauteur d’un fin gourmet, restaurateur, mais c’est justement parce que je viens de très loin que je peux avoir le plaisir de me remplir visuellement et sensoriellement parlant de ce qui pour moi est une nouveauté : un B.A.B.A de la gastronomie étrangère.
Sur mon plat qui fleurait bon les épices, il y avait une petite surprise risquée : un piment rouge entier ! Ordinairement je mange moi-même assez épicé : un pot de véritable moutarde bio- 300g ( rien à voir avec celle vendue par toutes les marques industrielles plus chargées en vinaigre qu’en graines de moutarde) me dure à peine deux semaines ! Mais là même si j’avais très envie de découper ce piment dans le curry, j’ai quand même hésité car à 900km/heure et plus de 6000 mètres d’altitude, coincée contre un hublot à 1h du matin, je me voyais mal me transformer en bonbonne rouge fumant par tous les pores et orifices réunis ! Alors j’ai osé le « excuse-me is it very hot ? ». Là elles m’ont fait un large sourire- un sourire indien comme on les aime- en me disant «  YES ! ». Mais je les ai regardées manger le leur coupé en rondelles et je me suis lancée malgré tout à tenter le diable et me suis lancée dans le découpage lent et latéral du piment, en ôtant juste les graines. Au début, tout allait bien…dois-je raconter la suite ? D’un seul coup, aux trois-quarts du piment et du plat, j’ai senti comme une bouffée assez paralysante et violent me prendre au cou et me monter aux yeux…J’ai été d’une force incroyable car je me suis tournée vers le hublot et en mode poisson rouge, je me suis fait une méditation à la Coué radicale : «  Ce n’est pas « hot », ça va passer, respire un bon coup, allez tu as pris le risque tant pis pour toi… » J’ai oublié le goût du Dahl pour le reste du repas et je me suis promis par la suite de faire un peu plus confiance aux conseils des Indiennes concernant le mot « hot ».
Etait servi en finalité, un petit sachet de graines pour « rafraîchir » la bouche…C’est tout simplement ignoble : marque Royal Air, à éviter à tout prix, on a l’impression de manger des graines marinées dans du désodorisant de toilettes. Là encore, ma technique de la disparition dans la serviette a fait ses preuves et j’ai dû pour effacer le goût opiniâtre du piment et de cet encens déplaisant, manger ma pomme…Ce qui m’a valu une bonne crise de colite m'empêchant totalement de dormir…Sanction d’une cascade culinaire…Mais comme mes intentions étaient bonnes, je me suis surprise pendant ce temps à en rire et à me dire que c’est ça les petites expériences qui gravent un bout de parchemin dans une Odyssée qui n’est pas prête de se terminer et qu’il n’y a justement que l’expérience qui peut faire modifier un comportement !
Ils ont éteint les lumières trois petites heures et c’était quasi impossible de dormir : mon doux voisin à l’arrière avait apparemment des puces qui lui galopaient au bout des pieds et n’a cessé de me masser le dos à la mode Thaï ( prévoir un prochain voyage…) J’ai osé me retourner et lui demander un peu d’arrêter mais là j’ai eu un vent froid et glacé qui a glissé entre mes omoplates : un homme étique, au regard très sombre avec des petits yeux assez agressifs, la barbe noire presque au niveau du nombril qui a fait mine de ne pas me comprendre. Cependant j’ai insisté, en disant que s’il lui était possible de moins faire bouger le siège cela me serait vraiment agréable. J’ai enrobé cela d’abord d’un sourire, puis l’ai répété assez fermement. Il a augmenté le massage pendant une vingtaine de minutes où là encore j’ai résisté à mes pulsions et finalement il a dû s’endormir et j’ai eu presque la paix…J’ai relativisé en me disant que je quittais le petit confort occidental et qu’après tout, je devais aussi tester ma résistance à l’inconfortable…chose réussie.
L’arrivée a été un peu plus complexe que prévue. L’aéroport de New Delhi est assez grand, une horrible moquette année 60 couvre le sol et à la sortie de l’avion un agent m’a indiqué la gauche, alors que tout le monde partait à droite. Du coup après quelques pas vers la gauche je me suis dit qu’il m’indiquait la gauche pour que j’aille à droite…Je lui suis repassée devant en lui disant merci et je suis donc allée dans le sens qu’il ne m’indiquait pas. Et c’était le bon ! J’étais un peu tendue cette fois car épuisée tout d’abord, puis dans l’avion on m’a fait remplir une fiche d’immigration et je n’ai pas vraiment compris comment remplir toutes les cases. Ça dépassait souvent et puis je n’étais pas sûre de moi surtout lorsque l’on me demandait si j’avais de la nourriture en importation. Je me suis encore fait la réflexion qu’il allait vraiment falloir qu’on me lâche les baskets avec ce type de questions, culpabilisant presque d’avoir acheté quelques friandises pour les filles de l'amie qui me reçoit les premiers jours.
Bref, là, j’ai voulu suivre la flèche de récupération des bagages indiquant qu’il fallait aller vers le haut…sauf que l’ascenseur n’allait que vers le bas ainsi que les escaliers. J’ai donc sauté sur le premier quidam venu : un écossais indien ( oui oui, l’originalité me plaît !) très gentil qui m’a dit de le suivre… Bon là encore, je me suis dit que je n’allais quand même pas être emportée par le premier venu donc j’ai fait confiance et je lui ai montré mon papier mal rempli qui l’était vraiment. Par exemple là où l’on me demandait l’aéroport de départ, j’avais mis l’aéroport d’arrivée et je m’étais mise NRI ( résidente indienne) au lieu de cocher « none »…En clair je n’ai pas compris le « none » sur le coup mais ensuite je me suis mise à être un peu plus souple du cerveau pour entendre que cela signifiait «  rien de ce qui m’est proposé à cocher »…du coup, je ne sais pas ce que je n’étais pas et ne sais toujours pas ce que je suis pour eux.
Les bagages n’étaient ni en haut, ni en bas mais vers la gauche, après le passage des douanes. Là, un indien me regarde et je lui dis que je ne suis pas sûre de la qualité de mon remplissage. Il me demande «  How are you » ? Enfin j’ai eu du mal à comprendre cette phrase car c’était prononcé très vite et je ne voyais pas le rapport. Ne pouvant toujours pas passer, je me dis qu’il doit me demander «  How old are you ? » et comme une idiote je lui dis mon âge. 37 ans…sir…Et là, il secoue la tête dépité, genre la grosse nulle en face, et me tend un papier sur lequel il note un « F » et un « 9 » à côté. J’ai pensé qu’il m’indiquait la porte pour les bagages…donc je lui réponds merci et il me répète sa question…et enfin je comprends qu’il me demande très gentiment si je me sens bien au moment où il me parle…Non mais je vous jure, les douanes qui commencent à se préoccuper de ma petite santé…j’étais loin de piger…en fait sa lettre et son chiffre signifiaient en anglais «  FINE » «  F9 »…ouh là, je me suis dit que ce n’était pas gagné et mon pauvre accompagnateur qui m’attendait très paisiblement…J’ai tout de même bien ri en parvenant à passer la porte …au bout d’un certain temps…et sachant que j’étais sensée être attendue par S., un indien qui ne me connaissait pas, j’avais perdu pas mal de temps.
Mais qu’est-ce que le temps en Inde ?
Récupération de valise avec mon nouveau garde du corps et sortie de l’aéroport un peu compromise car je n’avais pas capté qu’il me fallait donner le petit bout de papier conforme de la douane que j’avais rangé dans mon passeport sans y prêter attention. Là encore, heureusement, devant le mutisme des gardes mon fidèle compagnon m’a montré ce que je devais faire et je me suis sentie…libre…ou presque.
Derrière la barrière de la première sortie attendaient beaucoup d’indiens avec des noms inscrits sur des tablettes. Evidemment le mien n’était nulle part. J’ai dit à mon coach de partir car j’allais me débrouiller. J’ai eu un petit vent de panique lâchée seule car d’abord il faisait au moins 45 degrés avec la fatigue, ensuite on commençait à vouloir ici et là me faire monter qui dans son taxi, qui dans son rickshaw. J’ai finalement aperçu droit au nord une barrière plus à l’extérieur avec d’autres indiens et d’autres affichettes. Et là,  oh bonheur, j’ai vu mon doux nom si réconfortant à lire dans ce moment-là inscrit. 
J’ai donc suivi à grandes enjambée mon « porteur » et je peux vous dire que ses jambes sont grandes parce que je me suis retrouvée à sautiller derrière pour garder le rythme.
Transfert chez mes hôtes très agréables en voiture climatisée : dès la sortie j’ai pu dire bonjour aux vaches, voir un vélo en pleine réparation sur une grande voie pendant que des femmes en sari traversaient tranquillement ce qui pouvait être à chaque instant leur dernier macadam sous le pied…Mais c’est l’Inde et en Inde c’est comme ça. A tous les feux des enfants sautaient sur la voiture avec des petits citrons jaunes et des piments en collier. J’ai appris par la suite que cela garantissait contre le mauvais œil. Chez nous c’est lavage de pare-brise, chez eux c’est un gamin accroupi qui fixe cela sur ton pare-chocs et gare au démarrage.
Par la suite ces contournements de ville en voiture m’ont permis d’assister à des scènes difficiles, d’enfants d’à peine trois ans, maquillés en train de faire un spectacle au bord de la route pour ramasser des sous …Les bébés sont nus, à quelques dizaines de centimètres des voitures qui roulent un peu à gauche à droite …des hommes et des femmes font leur toilette au milieu du trottoir et des femmes se maintiennent dans la position yogique du corbeau des heures entières en « brochette » sur des barrières de diamètre inférieur à 5 cm.
Certains conducteurs de rickshaw conduisent un pied sous les fesses, tâtonnant les pédales d’un seul pied, tenant le volant d’une main pendant que l’autre fait je ne sais pas quoi tout en regardant en arrière.
Delhi est très sectorisée et le système des castes très marqué. Les gens vivent dans des colonies par quartiers. Ces colonies sont gardées par des gardes : c’est un peu le fichier du sous-dossier dans le dossier… Dans ces colonies plus ou moins gardées, se trouvent des parcs interdits aux enfants des autres colonies ce qui peut choquer à première vue mais s’explique par la suite. Ici les gens payent des taxes de fonctionnement spécifiques à leur quartier pour pouvoir justement jour tranquillement de leur spécificité. Ce qui est dans ce quartier est financé par les gens du quartier pour eux… Il est parfaitement contre-indiqué d’aller dans certains secteurs très défavorisés car notre présence serait vraiment non souhaitée et la violence pourrait très vite faire surface. Il y a donc les colonies des défavorisées, qui vivent malgré tout sous un toit plus ou moins durs, des moyens favorisés, des très favorisés avec des gradients qui permettent tout de même de ne pas rester dans sa propre colonie uniquement ; des colonies pour les musulmans, j’imagine aussi pour les sikhs puis que derrière ces départementalisations on aperçoit des mosquées, des temples Sikhs…
On m’a déconseillé d’aller dans certains quartiers où je pourrais voir selon les rites des têtes d’animaux coupées alignées par exemple ce qu’effectivement je ne soutiendrais pas…En passant par un certain pont, on aperçoit un magasin- a priori une boucherie- où l’on voit un mouton dessiné décapité, idem pour une poule, et je ne sais plus quel animal. Je n’imagine pas trop passer par ces quartiers, seule. J’aperçois des méandres de ruelles où tout s’amoncelle sur le sol : hommes, animaux, vieux habits, déchets, alimentation à vendre, préparée avec une huile noire…
J’ai été choquée d’apprendre que le lait parfois était coupé avec de l’eau dans laquelle on rajoute de la mélanine pour que le mélange ne se voit pas…Ceci est vendu en consommation à moindre coût pour le maximum de bénéfices – tout tant relatif ici…
Dès le premier jour j’ai été dans un petit marché accessible mais il a fallu sans cesse repousser les vendeurs de lunettes et d’autres choses…je me suis mise en position d’observatrice pour quelques jours afin après d’être capable d’agir un peu plus justement à la mesure de mes possibilités espérant trouver un compromis entre mes désirs d’occidentale et les possibilités des lieux et des personnes que je croise.
A Delhi beaucoup de gens ne sourient pas. Les femmes sont même assez fermées…mais je pense que là aussi elles observent et se protègent de l’étranger qui bien souvent adopte d’après ce que je peux entendre un ton et une attitude assez coloniale…Il y a un mélange de crainte, de soumission, de désir de s’imposer d’un côté comme de l’autre et c’est vraiment l’apprentissage d’une danse que de savoir jongler avec les uns et les autres…Ne pas dominer, mais aussi ne pas se laisser avoir car les quelques achats effectués en tant qu’accompagnatrice m’ont fait prendre la mesure de ce qu’est un indien qui cherche à t’embrouiller…Alors il faut être vigilent, et on s’aperçoit que le respect s’obtient peu à peu quand chacun parvient à calmer ce qui apparemment reste un fort système de défense et de mise en éveil d’une mémoire largement inscrite dans les esprits et les corps.
A Delhi c’est comme partout ailleurs : aucune généralité n’est à faire, et aucune théorie n’est valable à 100%. Il faut être modeste, humble, et chercher à comprendre chaque situation et ne jamais en faire une affaire en permanence reproductible.
Plusieurs situations m’ont choquée tant du côté des occidentaux que du côté indien : il y a vraiment un fossé dans le concept d’humanité et je me dis qu’à chaque instant un tremblement de terre plus ou moins élevé sur l’échelle de Richter peu faire valser à 360° une situation, tant du côté positif que du côté négatif…La question de l’intégration et de l’adaptation me préoccupe de plus en plus…La peur de l’Autre est très centrale ici aussi et je trouve cela tellement dommage d’en être arrivé là, à un point je pense parfois de non-retour. Il faut résister à certains comportements que l’on nous conseille d’adopter quand on sent en soi que tel n’est pas le comportement que l’on sent juste…seulement cet autre qui nous conseille a parfois plus d’expérience et peut-être qu’il a suffisamment aussi tenté l’intégration sans y parvenir pour en arriver à reprendre le désir de maintenir les rênes raides et le fouet matériel ou langagier à porter de main ou de langue.  La peur de perdre ses appuis, ses repères est patente chez bon nombre d’expatriés…et ça peut se comprendre parfois…
J’écris sans connaissance, alors je suis certainement à côté de la plaque…en attendant ça me permet encore de ne pas être à l’épicentre d’un danger potentiel encore et surtout d’être aussi dans une marge assez proche de la trame de vie pour oser aller vers ceux qui seront dans l’accueil avec l’effort nécessaire d’approcher de l’autre en reconnaissant ses différences, ses richesses mais surtout ses maladresses…L’ignorance n’est pas à dénigrer, c’est justement le trou aussi qui permet de tisser une petite trame comme un pont sur un mode d’échanges de savoir.
Cet après-midi j’ai décidé de rester pour apprendre la confection d’un plat avec la housekeeper indienne d’une famille d’expatriée. Sans aucun problème elle a accepté. Auparavant je lui ai fait une petite consultation de naturopathie car qu’elle souffrait de plaques de boutons sur les cuisses qui la démangeaient atrocement. Après quelques questions que mon amie m’a aidée à traduire, je lui ai préparé un mélange d’huiles essentielles calmantes, anti-allergiques, anti-parasitaires et antibactériennes à large spectre n’ayant trop pu identifier l’origine de ces plaques. Après avoir fait le mélange dans de l’huile végétale de calendula, j’ai testé la préparation sur son bras et voyant que cela ne lui provoquait aucune réaction, je lui ai conseillé de se badigeonner trois quatre fois par jour  sur la zone lésée. J’espère vraiment que cela empêchera l’évolution et que cela la calmera. Je n’ai pris que l’essentiel pour ce voyage mais si cela peut servir autour de moi cela me ferait vraiment plaisir.
Comme elle ne sait pas écrire ni épeler, j’ai pris mon petit dictionnaire pendant que je la regardais préparer les ingrédients et les cuisiner. Cela sentait vraiment très bon. Elle accepte que je la photographie et vraiment c’est du bonheur que de partager ces instants privilégiés et je sens vraiment que ça lui fait plaisir aussi de donner de son savoir.

 Là il s’agit d’un plat que je vais manger ce soir, et grâce à la phonétique et à internet j’ai pu retrouver le nom toute seule : il s’agit de L’Aloo Palak. C’est un curry de pommes de terre et d’épinards. La recette est assez simple, et vue l’odeur, cela doit être très bon. Quelques variantes existent apparemment mais une base commune existe.
Elle a d’abord haché menu les épinards frais (une variété différente de celle que l’on trouve en occident mais je pense qu’avec nos épinards frais le goût sera assez proche). Dans des petites assiettes ont été disposés coupés menus également : oignon, ail. Les pommes de terre sont présentées en cube et légèrement cuites à la vapeur préalablement.
Dans la poêle un peu d’huile est  versée, l’ail, l’oignon et les graines d’oignon dorent avec  du sel ( un peu trop selon moi…et après dégustation c'était vraiment TROP salé!). Les pommes de terre sont ajoutées et petit à petit les épices : curcuma, coriandre, curry, garam massala, piment fort (attention : piqûre de rappel !). Les épinards sont ensuite versés dans le mélange, le feu est ralenti et la préparation couverte…J'ai pu donner en offrande à mes narines un fin narguilé d’épices…J’ai eu le plaisir aussi de découvrir dans un arbre du jardin les feuilles de cumin qui découpées dans les plats donnent une saveur très douce et subtile.
Ma mémoire étant un peu sous la forme d’un puzzle à construire, j’ai oublié de parler d’un petit déjeuner fantastique qui m’a été offert dans un des plus beaux hôtels coloniaux de la ville : la palette était énorme avec un cuisiner affilié à chaque secteur : nourriture indienne salée, sucrée, préparation des viandes, poissons, œufs, pâtisseries…Des jus de légumes naturels divers et tellement frais et bons ; graines germées de toutes sortes, oléagineux, chutney magiques en bouche….J’ai réussi à me faire deux assiettes végétaliennes, plutôt salées, très équilibrées, colorées et vraiment très bonnes.  Aller dans ces lieux permet de prendre la mesure des extrêmes et vraiment de prendre conscience de la diversité des modes touristiques empruntés .Ce qui explique au final la non adéquation des conseils  donnés d’une personne à l’autre pour un voyage qui a priori sera à chaque fois vécu sur une temporalité, un espace, des points de vue et des dépenses vraiment aussi différents et distendus que peuvent l’être la vie ici des locaux et des expatriés. J’ai pu faire un saut à l’ambassade française car c’était le jour des élections législatives et c’est toujours très intéressant de voir comment les monuments se juxtaposent les uns aux autres sans aucun lien entre eux : c’est comme si l’on avait reconstitué une assiette avec une multitude d’assiettes brisées sur un bout de trottoir du monde…
Le monde est vraiment un patchwork qui parfois est de très bon goût mais parfois, vraiment, l’association est terriblement dérangeante… Ce sont toujours les mêmes que l’on protège et les pôles s’éloignent…mais les plus haut placés risquent aussi de se brûler les ailes à trop continuer à louper ce que devrait être une meilleure distribution de l’être et de l’avoir…

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