dimanche 3 juin 2012

Suite départ


Arrivée à Londres, affamée car aucun repas n’a été servi.  Fatiguée, assoiffée me voilà à être tripotée dans tous les sens car allez savoir pourquoi, je me suis mise à faire sonner les portes des sas de sécurité. Rien de plus qu’en partance de Toulouse avec plutôt un estomac qui SONNAIT vide…mais sérieusement, moi qui déteste le contact j’ai dû me laisser faire sans broncher rêvant d’une éclipse du corps et une dissolution des mains inquisitrices…
Je décide après coup de m’offrir un repas assise mais hélàs, je découvre que l’Euro n’est pas la monnaie de l’Angleterre et que tout est exprimé en pounds. Au final après quelques essais infructueux pour me faire comprendre auprès des vendeurs, un gentil garçon m’explique en français que si l’on paie ce n’est qu’avec la visa ou avec un billet et on nous rend la monnaie moyennant un petit malus…
Finalement je dégotte une maison à sushi et je me prends une salade végétalienne très appétissante avec du riz blanc, nouilles de riz, fèves crues, haricots verts, algues , roquette, coriandre fraîche, graines de cumin, avocat ! C’était la dernière assiette, faite pour moi ! J’ai dû acheter sans rien comprendre au prix une fourchette en plastique car ça encore c’était payant…Pas de bol j’ai oublié l’eau et m’en suis rendue compte après et évidemment je me voyais mal payer en carte bleue un demi-litre et me retrouver avec autant de frais…
Je me suis trouvée un petit coin un peu tranquille pour oser manger sans trop supporter les regards : manger en public est une initiation pour moi…J’ai failli me casser les dents sur les haricots non cuits et les algues avaient un goût de réglisse mais quelle fut ma surprise en découvrant petit à petit un texte au fond de mon plat : cela m’incitait vraiment à manger et c’était très ludique. J’ai pensé alors en étudiant cet anglais que pour ceux qui sont difficiles à finir leur assiette peut-être que l’écriture d’une histoire intéressante pourrait aider à concilier nourritures terrestre et spirituelle !
                Le texte terminé avant mon assiette- stratégie de la mise en orbite- j’ai souri car le contenu était vraiment approprié pour la naturopathe que je suis. Je vous en fais donc part.
                «  Eat beautiful
Once upon a time craving fat was key to human survival, that was then, now is now.
Darwin’s disciples say that glitch ensured our hairy ancestors hunted vigorously, trekking for weeks in search of nourishment. Nowadays we have motor cars, supermarkets and food mountains.
In these tempting times itsu’s health and happiness cos it’s not rabbit food.
Itsu fit-su pot-su fits-u
Apparently the secret to Pink Floyd’s breathtaking music was not just what they put in…it’s what they left out. You won’t find cheesy baguettes, cakes, butter and gloopy sauces in an itsu kitchen. Mayonnaise and naughty gunks are OFF our menu too- we work day and night to create tastier, healthier and happier solutions. Lunch or dinner, in or out, fast or slow.
Big smile, small tummy.”
J’ai donc découvert l’existence d’une itsu cuisine très intéressante. Me voici rassurée sur la possibilité de trouver alimentation à mon goût en cas de panique dans cet aéroport et peut-être ailleurs…
Malheureusement les heures passant la soif m’a prise, terrible, au point de me sentir confuse et vraiment pas bien. Hors de question que je tombe dans cet aéroport. Et ces horribles pounds affichés partout qui me faisaient défaut! Certes j’aurais pu changer mais sérieusement pour une bouteille d’eau…J’ai pensé alors à remplir ma bouteille vide aux toilettes : les bandes de rats ne mettent que de l’eau chaude…
Finalement, j’ai parcouru sans exception toutes les toilettes- super intéressant ( mais sachez qu’à Delhi il y a le Musée des Toilettes ! Si si ! je ne dois pas rater cela !) et j’ai enfin trouvé la source fraîche, et je me suis remplie à en sentir un plaisir limite jouissif tant je n’en pouvais plus. Mes idées remises en place j’ai pu assister à de drôles de spectacles de claquette de filles perchées sur talon haut avec des shorts rouges à pois rouge, chantant en lançant de gros sourires aux potentiels clients de whisky duty free…Puis ce fut le tour de marins entraînant dans leurs danses furieuses, des enfants volés au hasard dans les spectateurs qui en balançaient de plaisir leurs sacs de voyage dans les rayons. C’était super kitch mais très agréable à voir car les gens étaient vraiment souriants.
Il me restait trois heures avant l’avion pour Delhi et aucune idée de la porte d’embarquement donc j’ai attendu sur un siège en rechargeant mon portable. Là, un jeune s’est extrait d’un groupe de canadien pour venir mettre son téléphone à côté de mon ordinateur et en a profité pour entamer la conversation. Mon anglais plus qu’imparfait m’a permis de bien discuter avec ce jeune étudiant extrêmement sympathique qui revenait de Nairobi  où avec son groupe il avait participé à une mission humanitaire. Hasard ou coïncidence puisque tel est l’objectif de mon prochain voyage à Diofior au Sud du Senegal. Le temps a donc passé, mais un temps partagé dans le plaisir et l’échange. Je me suis sentie très à l’aise et prête à nouveau à affronter la suite de l’expédition.  L’annonce de la porte d’embarquement m’a fait l’effet d’un coup porté en plein ventre : il fallait prendre un « transit » ( ce mot me poursuit décidément ! ) pour rejoindre l’avion. J’ai donc vite repéré des familles indiennes et je les ai suivies (tant pis pour moi s’ils partaient à Chicago !)…mais elles se sont arrêtées subitement en bas de l’ascenceur. Là j’ai aperçu comme deux métros, et j’ai sauté dans le seul qui avait les portes ouvertes. J’ai compris en anglais que mon arrêt était le deuxième et que je ne m’étais pas trompée. J’avoue être assez fière d’arriver à prendre les choses correctement sans m’angoisser ni m’énerver. Je suis en avance à chaque fois donc si je me trompe je sais que j’ai toujours la possibilité de demander de l’aide et mon chemin.
L’ambiance était étrange à l’entrée dans l’avion : beaucoup d’indiens, de monde divers et un silence très pesant avec des hôtesses troublantes : vieilles, laides et en mode « porte de prison ». L’idéal de l’hôtesse de l’air tombait en éclat pour les aficionados d’hôtesses hautes sur pattes barbiesques  au sourire et à la voix de sirènes !
Ils ont fait passer avant les premières classes et business class, et intimant assez violemment le retour au poulailler pour les égarés souvent étrangers qui n’avaient pas compris ce qu’on attendait d’eux.
Dans l’avion on était serrés comme des anguilles mais j’ai eu la chance bien que coincée contre le hublot, d’être à côté de deux indiennes- mère et fille je présume. Au début elles me niaient un peu.. ;je souriais pour mettre à l’aise tout le monde mais c’était comme si je n’existais pas. Je n’ai pas abandonné et j’ai finalement pu aider à un soucis qu’elles avaient ce qui a brisé la glace doucement. L’avion était vraiment un vieux coucou, un spécial Inde je pense…les beaux British Airways doivent être destinés aux USA justement.
Le décollage m’a apporté autant d’adrénaline qu’au départ : un moment magique où je me répétais vraiment que ça y est, je changeais vraiment de vie, que j’allais enfin bouleverser et dépasser mes barrières et que tout devenait possible et neuf…
C’était magique de voir sur la carte que je pouvais visualiser sur mon écran les pays survolés, les noms me faisaient rêver. La nuit c’est étonnant car on découvre la véritable forme des villes, on suit avec les lumières les méandres des fleuves et on comprend les choix stratégiques des habitats. J’imaginais les gens vivre de différentes manières à chaque instant et je me promettais de m’y attarder plus longuement par la suite….

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez me laisser un petit mot ici...